Les Fioretti du Pape François en février

Sur quelle chaîne est-ce qu'on écoute Jésus ? Dans l'Évangile, nous dit le Pape.

Les fioretti du pape François au cours du mois de février

Quel est ton rapport avec tes employés ? Les paies-tu au noir ?

A Sainte-Marthe, le 20 février 2015 :

« Le vrai jeûne est de faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs. C'est celui-là, le vrai jeûne, le jeûne qui n'est pas seulement extérieur, une observance extérieure, mais un jeûne qui vient du cœur. […] Sur les Tables de la loi, il y a la loi sur Dieu et la loi sur le prochain et tous deux vont ensemble. Je ne peux pas dire : 'J'accomplis les trois premiers commandements… et les autres, plus ou moins.' Non, si tu fais ceci, tu ne peux pas faire cela et si tu fais cela, tu dois faire ceci. Ils sont unis : l'amour pour Dieu et l'amour du prochain sont une unité et si tu veux faire une pénitence qui soit réelle et non formelle, tu dois la faire devant Dieu et avec ton frère, avec ton prochain.On peut avoir la foi, mais —comme le dit l'apôtre Jacques— 'sans œuvres, la foi est comme morte'. A quoi cela sert-il ? Ainsi, si une personne assiste à la messe tous les dimanches et communie, on peut lui poser les questions suivantes : 'Quel est ton rapport avec tes employés ? Les paies-tu au noir ? Leur paies-tu un juste salaire ? Leur verses-tu une contribution pour leur pension ? Pour leur assurer les soins de santé ? Combien sont les hommes et les femmes de foi, qui ont la foi mais qui ne partagent pas les Tables de la loi : 'Oui, je fais cela' — Mais, donnes-tu l'aumône ? —Oui, j'envoie toujours un chèque à l'Église — Ah, d'accord. Mais avec ton Église, chez toi, avec ceux qui dépendent de toi —que ce soit tes enfants, tes grands-parents, tes employés— es-tu généreux ? Es-tu juste ? Tu ne peux pas faire d'offres à l'Église pour camoufler l'injustice que tu accomplis avec tes employés. C'est un péché très grave : c'est utiliser Dieu pour masquer l'injustice ».

« Celui qui ne rend pas justice aux personnes qui dépendent de lui n'est pas un bon chrétien ». Ni « celui qui ne se dépouille pas de quelque chose qui lui est nécessaire pour le donner à quelqu'un qui en a besoin ».

Est-ce que je pleure ? Le pape pleure-t-il ? Les cardinaux pleurent-ils ?

Homélie du 18, février 2015, mercredi des Cendres :

« Revenir au Seigneur 'de tout son cœur' signifie entreprendre le chemin d'une conversion non pas superficielle et transitoire, mais plutôt d'un itinéraire spirituel dans le lieu le plus intime de notre personne. Le cœur, en effet, est le siège de nos sentiments, le centre où mûrissent nos choix, nos comportements.

Ce 'Revenez à moi de tout votre cœur' [Jl, 2] n'implique pas seulement les individus, mais s'étend à la communauté entière, c'est une convocation adressée à tous : 'Réunissez le peuple, tenez une assemblée sainte, rassemblez les anciens, réunissez petits enfants et nourrissons ! Que le jeune époux sorte de sa maison, que la jeune mariée quitte sa chambre !' (Jl 2, 16).

Le prophète s'arrête en particulier sur la prière des prêtres, en faisant observer qu'elle doit être accompagnée de larmes. Cela nous fera du bien, à tous […], au début de ce Carême, de demander le don des larmes, afin de rendre notre prière et notre chemin de conversion toujours plus authentiques et sans hypocrisie. Cela nous fera du bien de nous demander : 'Est-ce que je pleure ? Le pape pleure-t-il ? Les cardinaux pleurent-ils ? Les évêques pleurent-ils ? Les consacrés pleurent-ils ? Les prêtres pleurent-ils ? Les pleurs font-ils partie de nos prières ?' […] Dans le passage de Matthieu hypocrites' (Mt 6,1ss), Jésus relit les trois œuvres de piété prévues par la loi de Moïse : l'aumône, la prière et le jeûne. Au fil du temps, ces prescriptions avaient été attaquées par la rouille du formalisme extérieur, ou même s'étaient transformées en un signe de supériorité sociale. Jésus met en évidence une tentation commune dans ces trois œuvres, qui peut se résumer dans l'hypocrisie (il la nomme bien à trois reprises): 'Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l'accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer… Quand tu fais l'aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme les hypocrites… Quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout… pour bien se montrer aux hommes… Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme les hypocrites' (Mt 6,1.2.5.16). Vous savez, frères, que les hypocrites ne savent pas pleurer ; ils ont oublié comment on pleure ; ils ne demandent pas le don des larmes. »

Jésus ne se tient pas à une distance de sécurité et n'agit pas par délégation

Angelus du 15 février 2015 :

« L'épisode de la guérison du lépreux se déroule en trois brefs passages : l'invocation du malade, la réponse de Jésus et les conséquences de la guérison prodigieuse. Le lépreux supplie Jésus 'à genoux' en lui disant : 'Si tu veux, tu peux me purifier' (Mc 1,40). À cette prière humble et confiante, Jésus réagit par une attitude profonde de son âme : la compassion. Et 'compassion' est un mot très profond : compassion signifie 'pâtir avec l'autre'. Le cœur du Christ manifeste la compassion paternelle de Dieu pour cet homme qui s'est approché de lui et l'a touché. Et ce détail est très important. Jésus 'étendit la main, le toucha… À l'instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié' (v. 41). La miséricorde de Dieu surmonte toutes les barrières et la main de Jésus touche le lépreux. Il ne se tient pas à une distance de sécurité et n'agit pas par délégation, mais il s'expose directement à la contagion de notre mal ; et c'est ainsi que notre mal devient précisément le lieu du contact : lui, Jésus, prend de nous notre humanité malade et nous prenons de lui son humanité saine et guérissante. Cela se produit chaque fois que nous recevons avec foi un sacrement : le Seigneur Jésus nous 'touche' et nous donne sa grâce. Dans ce cas-ci, nous pensons en particulier au sacrement de la réconciliation, qui nous guérit de la lèpre du péché.

Une fois encore, l'Évangile nous montre ce que fait Dieu face à notre mal : Dieu ne vient pas 'donner une leçon',sur la souffrance ; il ne vient pas non plus éliminer du monde la souffrance et la mort ; il vient plutôt prendre sur lui le poids de notre condition humaine, pour le porter jusqu'au bout, pour nous libérer de manière radicale et définitive. Ainsi, le Christ combat les maux et les souffrances du monde : en s'en chargeant et en étant vainqueur de ceux-ci par la force de la miséricorde de Dieu. »

Se retrousser les manches et ne pas rester regarder passivement la souffrance du monde

Aux nouveaux cardinaux, le 15 février 2015 :

« La route de l'Église, depuis le Concile de Jérusalem, est toujours celle de Jésus : celle de la miséricorde et de l'intégration. Cela ne veut pas dire sous-évaluer les dangers ou faire entrer les loups dans le troupeau, mais accueillir le fils prodigue repenti ; guérir avec détermination et courage les blessures du péché ; se retrousser les manches et ne pas rester regarder passivement la souffrance du monde. La route de l'Église est celle de ne condamner personne éternellement; de répandre la miséricorde de Dieu sur toutes les personnes qui la demandent d'un cœur sincère; la route de l'Église c'est justement de sortir de son enceinte pour aller chercher ceux qui sont loin dans les 'périphéries' de l'existence ; celle d'adopter intégralement la logique de Dieu ; de suivre le Maître qui dit : 'Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs, pour qu'ils se convertissent' (Lc 5, 31-32).

En guérissant le lépreux, Jésus ne porte aucun dommage à qui est bien-portant, au contraire, il le libère de la peur ; il ne lui procure pas un danger mais il lui donne un frère ; il ne méprise pas la Loi mais il apprécie l'homme, pour qui Dieu a inspiré la Loi. En effet, Jésus libère les bien-portants de la tentation du "frère-aîné" (cf. Lc 15, 11-32) et du poids de l'envie et des murmures des ouvriers qui ont 'enduré le poids du jour et la chaleur' (Mt 20, 1-16). »

« J'ai cinq enfants, comme j'ai cinq doigts »

Audience générale du 11 février 2015:

« Les enfants sont un don, ils sont un cadeau […] Chacun est unique et irremplaçable et, en même temps, nécessairement lié à ses racines. En effet, être fils ou fille selon le dessein de Dieu signifie porter en soi la mémoire et l'espérance d'un amour qui s'est réalisé précisément en donnant la vie à un autre être humain, original et nouveau. Et pour les parents, chacun des enfants est lui-même, est différent, est distinct. […] Ma maman disait de nous […] 'J'ai cinq enfants'. Quand on lui demandait : 'Lequel préfères-tu ?', elle répondait : 'J'ai cinq enfants, comme j'ai cinq doigts. Si on tape sur celui-ci, j'ai mal ; si on tape sur cet autre, j'ai mal. Ils me font mal tous les cinq. Ce sont tous mes enfants, mais tous différents comme les doigts d'une main'. La famille, c'est comme cela ! Les enfants sont différents, mais ils sont tous des enfants.

On aime son enfant parce que c'est son enfant, pas parce qu'il est beau ou parce qu'il est comme ceci ou comme cela. Non ! Parce que c'est son enfant ! Non pas parce qu'il pense comme moi ou qu'il incarne mes désirs. Un enfant est un enfant : une vie engendrée par nous, mais destinée à lui, à son bien, au bien de la famille, de la société, de toute l'humanité.

C'est de là que vient aussi la profondeur de l'expérience humaine d'être fils ou fille, qui nous permet de découvrir la dimension plus gratuite de l'amour, qui n'a jamais finit de nous étonner. C'est la beauté d'être aimés en premier : les enfants sont aimés avant d'arriver. […] Et cela, c'est la gratuité, c'est l'amour ; ils sont aimés avant leur naissance, comme l'amour de Dieu qui nous aime toujours en premier. Ils sont aimés avant d'avoir fait quoi que ce soit pour le mériter, avant de savoir parler ou penser, et même carrément avant de venir au monde ! Être enfant est la condition fondamentale pour connaître l'amour de Dieu, qui est la source ultime de ce véritable miracle. Dans l'âme de tous les enfants, aussi vulnérables soient-ils, Dieu dépose le sceau de cet amour, qui est à la base de sa dignité personnelle, une dignité que rien ni personne ne pourra détruire. »

L'image de Dieu ne se trouve pas sur un ordinateur

À Sainte-Marthe, le 10 février 2015 :

« Dans l'Évangile (Mc 7, 1-13), Jésus rencontre des gens qui ont peur de se mettre en chemin et qui s'adaptent à une caricature de Dieu. Ces personnes 'non-inquiètes' ont fait taire l'inquiétude de leur cœur, elles peignent Dieu avec des commandements et elles oublient Dieu... elles s'éloignent de Dieu, elles ne marchent pas vers Dieu et quand elles ont une insécurité, elles inventent un autre commandement. »

Celui qui se comporte de cette façon accomplit un « chemin entre parenthèses », un « chemin qui n'avance pas, un chemin tranquille », avec cette injonction mensongère : « Non, sois tranquille : accomplis tous ces commandements et c'est cela, Dieu. C'est cela le visage de Dieu[…]

Notre 'carte d'identité' se retrouve dans le fait que les hommes aient été créés 'à l'image, selon la ressemblance de Dieu '. Mais alors, la question que nous devons nous poser est : comment puis-je connaître l'image de Dieu ? Comment puis-je savoir comment il est lui pour savoir qui je suis moi ? Où puis-je trouver l'image de Dieu ?' […] L'image de Dieu ne se trouve « certainement pas sur son ordinateur, ni dans les encyclopédies ». Elle se cherche « en se mettant en chemin » avec « cette inquiétude que Dieu Lui-même a mise dans le cœur [de l'homme] et qui le pousse à avancer pour Le chercher ».

« Celui qui ne se met pas en chemin ne connaîtra jamais l'image de Dieu, il ne trouvera jamais le visage de Dieu. Les chrétiens assis, les chrétiens tranquilles ne connaîtront pas le visage de Dieu. Ils disent : 'Dieu est comme ceci, comme cela…', mais ils ne Le connaissent pas. […]

« Se mettre en chemin, c'est laisser Dieu ou la vie nous mettre à l'épreuve, se mettre en chemin, c'est prendre un risque ». Mais cet appel est inscrit dans le cœur de l'homme depuis sa création : « Mets-toi en chemin et tu auras connaissance de ton identité, parce que tu es l'image de Dieu, tu es fait à la ressemblance de Dieu. Mets-toi en chemin et cherche Dieu. »

Il existe des non-citoyens : ils ne sont pas seulement les "anonymes" ; ils sont les "anti-hommes"

À l'Assemblée plénière du Conseil pontifical pour les laïcs, le 7 février 2015 :

Il semble vraiment que chaque ville, même celle qui paraît la plus prospère et ordinaire, ait la capacité de générer en elle une obscure « anti-ville ». Il semble qu'à côté des citoyens il existe aussi des non-citoyens : des personnes invisibles, pauvres en moyens et en chaleur humaine, qui habitent des « non-lieux », qui vivent des « non-relations ». Il s'agit d'individus à qui personne n'adresse un regard, une attention, un intérêt. Ils ne sont pas seulement les « anonymes » ; ils sont les « anti-hommes ». Et cela est terrible.

En face de ces tristes scénarios nous devons toujours nous rappeler que Dieu n'a pas abandonné la ville ; Il habite dans la ville. […] Oui, Dieu continue à être présent, même dans nos villes si frénétiques et distraites ! C'est pourquoi il ne faut jamais s'abandonner au pessimisme et au défaitisme, mais garder un regard de foi sur la cité, un regard contemplatif 'qui découvre ce Dieu qui habite dans ses maisons, dans ses rues, sur ses places'. Et Dieu n'est jamais absent de la ville parce qu'il n'est jamais absent du cœur des hommes ! En fait, 'la présence de Dieu accompagne la recherche sincère que les personnes et les groupes accomplissent pour trouver appui et sens à leur vie'. L'Église veut être au service de cette recherche sincère présente dans tant de cœurs et qui les rend ouverts à Dieu. Les fidèles laïcs, spécialement, sont appelés à sortir sans crainte pour aller à la rencontre des hommes de la ville : dans les activités quotidiennes, dans le travail, seuls ou en famille, avec la paroisse ou dans les mouvements ecclésiaux dont ils font partie, ils peuvent briser le mur de l'anonymat et de l'indifférence qui souvent règne souverainement dans la ville. Il s'agit de trouver le courage de faire le premier pas qui nous rapproche des autres, pour être des apôtres des quartiers.

[…]Dans la ville, il y a souvent un terrain d'apostolat beaucoup plus fertile que ce que nombre de personnes imagine. C'est pourquoi il est important de prendre soin de la formation des laïcs : les éduquer à avoir ce regard de foi, plein d'espérance, qui sache voir la ville avec les yeux de Dieu. Voir la ville avec les yeux de Dieu. Les encourager à vivre l'Évangile, sachant que toute vie vécue chrétiennement à toujours un grand impact social. En même temps, il est nécessaire d'alimenter en eux le désir du témoignage, afin qu'ils puissent donner aux autres avec amour le don de la foi qu'ils ont reçu, en accompagnant avec affection ceux de leurs frères qui vivent les premiers pas dans la vie de foi. En un mot : les laïcs sont appelés à vivre un rôle protagoniste humble dans l'Église et à devenir ferment de vie chrétienne pour toute la ville.

Il ne s'agit pas des Verts, mais des 'chrétiens'.

À Sainte-Marthe, le 9 février 2015 :

« Dieu œuvre, continue à œuvrer, et nous pouvons nous demander comment répondre à cette Création de Dieu, qui est né de l'amour, parce que Lui œuvre par amour. […] À la 'première Création' nous devons répondre avec la responsabilité que le Seigneur nous donne : la terre est vôtre, faites qu'elle porte des fruits, soumettez-la, et faites-la croître. […] Nous aussi avons la responsabilité de faire croître la terre, de faire croître la Création, d'en prendre soin, de tenir compte de ses lois. Nous sommes au service de la Création, nous n'en sommes pas les maîtres. […] Nous devons « la faire croître en étant fidèles à ses lois. C'est donc la première réponse à l'œuvre de Dieu : faire en sorte de prendre soin de la Création. […] Lorsque nous entendons parler de réunions pour réfléchir à la façon de préserver la création, nous pouvons penser qu'il s'agit d'une réunion 'des Verts'; mais non, il ne s'agit pas des Verts, mais des 'chrétiens'. C'est une attitude chrétienne que de protéger la Création, c'est notre réponse à la première création de Dieu, c'est notre responsabilité. Un chrétien qui ne prend pas soin de la Création, qui ne la fait pas croître, est un chrétien qui n'attache pas d'importance au travail de Dieu ».

Que les femmes n'aient pas l'impression d'être hébergées

Aux participants à l'Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la culture, le 7 février 2015 :

Il s'agit d'étudier des critères et des modalités nouvelles afin que les femmes n'aient pas l'impression d'être hébergées, mais pleinement participantes dans les divers environnements de la vie sociale et ecclésiale. L'Église est femme, c'est une Église et non Un Église. Ceci est un défi qu'on ne peut plus différer. […]

Depuis longtemps nous avons tourné le dos, au moins dans les sociétés occidentales, au modèle de la subordination sociale de la femme à l'homme, un modèle séculaire dont, cependant, tous les effets négatifs n'ont jamais été complètement expurgés. Nous avons dépassé aussi un second modèle, celui de la pure et simple parité, appliquée mécaniquement, et celle de l'égalité absolue. Il s'est constitué ainsi un nouveau paradigme, celui de la réciprocité dans l'équivalence et dans la différence. Donc, la relation homme-femme devrait reconnaître que l'un et l'autre sont nécessaires, car ils possèdent, oui, une nature identique, mais avec des modalités propres. L'une est nécessaire à l'autre et vice-versa, afin que s'accomplisse vraiment la plénitude de la personne. […]

Vous les femmes vous savez incarner le côté tendre de Dieu, sa miséricorde, qui se traduit en disponibilité à donner du temps plutôt que d'occuper de l'espace, à accueillir au lieu d'exclure. En ce sens, j'ai plaisir à décrire la dimension féminine de l'Église comme le sein accueillant qui régénère la vie. […] Je suis convaincu de l'urgence à offrir de l'espace aux femmes dans la vie de l'Église et de les accueillir, en tenant compte des sensibilités culturelles et sociales spécifiques et en bouleversement. Par conséquent, il faut une présence féminine plus répandue et incisive dans les communautés, de sorte que nous puissions voir beaucoup de femmes engagées dans des responsabilités pastorales, dans l'accompagnement des personnes, familles, et groupes, ainsi que dans la réflexion théologique. »

Dieu pardonne toujours. Les hommes pardonnent parfois. La terre ne pardonne jamais ! Protéger la sœur terre, la mère terre, afin qu'elle ne réponde pas par la destruction » (Discours à la FAO, 20 nov. 2014).

Face aux biens de la terre nous sommes appelés à « ne jamais perdre de vue ni l'origine, ni la finalité de tels biens, de façon à réaliser un monde juste et solidaire », dit la doctrine sociale de l'Église (Compendium de la Doctrine Sociale de l'Église, 174). La terre nous a été confiée afin que qu'elle soit pour nous une mère, capable de donner à chacun tout ce qui lui est nécessaire pour vivre. Un jour j'ai entendu une jolie chose: la Terre n'est pas un héritage que nous avons reçu de nos parents, mais un prêt que nous font nos enfants, pour que nous en soyons les gardiens et la fassions tourner avant de la leur rendre. La terre est généreuse et ne fait manquer de rien à ceux qui veillent sur elle. La terre, qui est la mère de tous, demande respect et non violence ou pire encore arrogance de patrons. Nous devons la redonner à nos enfants, plus belle qu'avant, soignée, car c'est un prêt qu'ils nous ont fait. Être des gardiens de la terre n'est pas une attitude exclusive des chrétiens, cela concerne tout le monde. […] Je voudrais demander à tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité dans le domaine économique, politique ou social, à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté: nous sommes des 'gardiens' de la création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, des gardiens de l'autre, de l'environnement ; ne permettons pas que des signes de destruction et de mort accompagnent la marche de notre monde ! Mais pour 'garder' nous devons aussi avoir soin de nous-mêmes! [...] Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, et même pas non plus de la tendresse ! ». Prendre soin de la terre demande non seulement bonté, mais aussi tendresse.

Sur quelle chaîne est-ce qu'on écoute Jésus ?

Aux paroissiens de Saint-Michel-Archange, à Pietralata, le 8 février 2015 :

« Est-ce que je me laisse enseigner par Jésus ou est-ce que je sais tout ? Est-ce que j'écoute Jésus ou est-ce que j'écoute plutôt autre chose… les bavardages, les médisances ? »

« Sur quelle chaîne est-ce qu'on écoute Jésus ? Dans l'Évangile. […] Là, Jésus me parle, m'enseigne. C'est la parole de Jésus. […] Le diable fait une montagne à partir de sottises, et si l'on n'y prend pas garde, les inimitiés continuent et détruisent. […] Laissez-vous guérir par Jésus,le seul qui chasse les démons. Chacun d'entre nous a des blessures : des blessures spirituelles, des péchés, des inimitiés, de la jalousie. Peut-être que nous ne voulons pas saluer certaines personnes. . […] C'est triste lorsque des membres de la même famille ne se parlent plus pour une stupidité… […] Est-ce que je me laisse enseigner par Jésus ou est-ce que je sais tout ? Est-ce que j'écoute Jésus ou est-ce que je préfère écouter n'importe quoi d'autre comme les commérages des gens, ou des histoires… […] Écouter Jésus. Écouter la prédication de Jésus. 'Et comment puis-je faire cela, père ? Sur quelle chaîne parle-t-il ? Il te parle dans l'Évangile! Et ceci est une habitude que nous n'avons pas encore : aller chercher la parole de Jésus dans l'Évangile. Avoir toujours un Évangile avec nous, un petit évangile, ou en tenir un dans la main. Cinq minutes, dix minutes. Quand je suis en voyage, ou quand je dois attendre… je prends l'Évangile qui est dans ma poche ou dans mon sac et je me mets à lire quelque chose ; ou bien à la maison. Et Jésus me parle, prêche pour moi. C'est la Parole de Jésus. Nous devons nous habituer à écouter la Parole de Jésus, à écouter la parole de Jésus dans l'Évangile. Lire un passage, penser un peu à ce qu'il dit, ce qu'il me dit à moi personnellement. Si je ne sens pas qu'il me parle, je passe à un autre. Mais avoir ce contact quotidien avec l'Évangile, prier avec l'Évangile; Jésus peut ainsi m'enseigner, peut me dire avec l'Évangile ce qu'il veut me dire. Je connais des gens qui en ont toujours un avec eux. Lorsqu'ils ont un peu de temps, ils l'ouvrent et trouvent toujours dedans le bon mot qui va avec le moment qu'ils sont en train de vivre. Ceci est la première chose que je tiens à vous dire : laissez le Seigneur vous prêcher sa parole. Écoutez le Seigneur.

Et Jésus guérissait : laissez-vous guérir par Jésus. Nous avons tous des blessures : blessures spirituelles, péchés, hostilités, jalousies; peut-être ne saluons-nous pas quelqu'un : « Ah il m'a fait ceci, je ne le salue plus ». […] Chacun de nous a des blessures; et pas qu'une mais deux, trois, quatre, vingt. Chacun sait ! Que Jésus guérisse ces blessures. Mais pour cela, pour le faire venir, il faut ouvrir son cœur. Et comment ouvrir son cœur ? En priant. 'Mais, Seigneur, je ne peux pas avec ces gens-là, je les déteste, ils m'ont fait ci, m'ont fait ça…'. Guéris cette plaie, Seigneur Si nous demandons à Jésus cette grâce, Il le fera. Laissez-vous guérir par Jésus. Laissez Jésus vous guérir.

Jean finit sa vie suite au caprice d'une danseuse et à la haine vengeresse d'une adultère

« Sur la route de Jean [Baptiste] est apparue […] l'obscurité d'une vie brûlée dans l'erreur. Et cela a été une croix pour lui. […] Jean-Baptiste se prête à la requête d'un roi, qui avait plaisir à l'entendre, qui avait plaisir à vivre une vie adultère», et «il était presque devenu un prédicateur de cour, de ce roi perplexe». Mais «il s'humiliait» parce qu'il «pensait convertir cet homme».

Jean finit ainsi sa vie «sous l'autorité d'un roi médiocre, ivrogne et corrompu, suite au caprice d'une danseuse et à la haine vengeresse d'une adultère». Ainsi «finit l'homme le plus grand né d'une femme. […] Je pense […] aux martyrs de notre époque, à ces hommes et ces femmes, à ces enfants qui sont persécutés, haïs, chassés de leur maisons, torturés, massacrés. […] Nos martyrs, qui finissent leur vie sous l'autorité corrompue de personnes qui haïssent Jésus-Christ». […] Moi aussi j'aurai une fin. Nous finirons tous. Personne n'a une vie 'achetée'. Nous aussi, bon gré mal gré, nous avançons sur la route de l'anéantissement existentiel de la vie […] Que cet anéantissement ressemble le plus possible à Jésus Christ, à son anéantissement».

Quand elle oublie sa mission, l'Église glisse lentement vers une ONG

La véritable « mission de l'Église est de guérir les blessures du cœur, ouvrir les portes, libérer, dire que Dieu est bon, pardonne tout, est père, Dieu est tendre et nous attend toujours ».

« Nous avons entendu que Jésus appelle ses disciples » et les envoie « apporter l'Évangile: c'est lui qui les appelle (Mc 6, 7-13) […] L'Évangile est ainsi si riche et si fort qu'il n'a pas besoin de l'action de grandes entreprises pour être annoncé ». Parce que l'Évangile « doit être annoncé dans la pauvreté, et le véritable pasteur est celui qui va comme Jésus: pauvre, annoncer l'Évangile, avec ce pouvoir. […]

Les disciples racontent: 'Nous avons fait cela et cela, et cela'... (Mc 6, 7-13) Après les avoir écoutés, Jésus ferme les yeux et dit: 'J'ai vu satan tomber du ciel'. Une phrase qui révèle quelle est « la guerre de l'Église: c'est vrai, nous devons aider et créer des organisations qui aident, parce que le Seigneur nous donne des dons pour cela. Mais quand nous oublions cette mission, nous oublions la pauvreté, nous oublions le zèle apostolique et nous plaçons notre espérance dans ces moyens, l'Église glisse lentement vers une ONG et devient une belle organisation: puissante, mais non évangélique, parce que manquent cet esprit, cette pauvreté, cette force de guérison […]

Le profil de l'apôtre – qui annonce dans la simplicité et la pauvreté l'Évangile avec le seul véritable pouvoir qui vient de Dieu – se reconnaît en revanche dans l'expression claire de Jésus aux disciples rentrés heureux de la mission: 'Nous sommes des serviteurs inutiles' »

« Que commande-t-il de faire » aux disciples, quel est son programme pastoral? ». Simplement celui de « soigner, guérir, élever, libérer, chasser les démons: c'est un programme simple , qui coïncide avec la mission de l'Église: l'Église qui guérit, qui soigne. […]C'est lui, c'est l'Esprit Saint qui fait tout ».

Les pères qui contrôlent trop ne laissent pas grandir leurs enfants

Audience publique du 4 février 2015 :

« Que le père soit présent dans la famille. Qu'il soit proche de sa femme pour tout partager, les joies et les peines, les fatigues et les espoirs. Et qu'il soit proche de ses enfants pendant leur croissance : quand ils jouent et quand ils s'engagent, quand ils sont insouciants et quand ils sont angoissés, quand ils s'expriment et quand ils sont taciturnes, quand ils osent et quand ils ont peur, quand ils font un faux pas et quand ils retrouvent leur chemin ; un père présent, toujours. Dire présent ne veut pas dire contrôleur ! Parce que les pères qui contrôlent trop détruisent leurs enfants, ils ne les laissent pas grandir.

L'Évangile nous parle de l'exemplarité de notre Père qui est aux cieux, le seul, dit Jésus, qui puisse être vraiment appelé « Père bon » (cf. Mt 10,18). Tout le monde connaît cette parabole extraordinaire dite du 'fils prodigue' ou, mieux, du 'père miséricordieux', qui se trouve dans l'Évangile de Luc au chapitre 15 (cf. Lc 15, 11-32). Quelle dignité et quelle tendresse dans l'attente de ce père qui se tient à la porte de sa maison, attendant que son fils revienne ! Les pères doivent être patients. Si souvent, il n'y a rien d'autre à faire qu'attendre ; prier et attendre avec patience, douceur, magnanimité, miséricorde.

Un bon père sait attendre et sait pardonner, du fond du cœur. Bien sûr, il sait aussi corriger avec fermeté : ce n'est pas un père faible, complaisant, sentimental. Le père qui sait corriger sans humilier est le même que celui qui sait protéger sans se ménager. Une fois, dans une réunion de mariage, j'ai entendu un papa dire : 'Moi, parfois, je dois frapper un peu mes enfants… mais jamais sur le visage pour ne pas les humilier'. Comme c'est beau ! Il a le sens de la dignité. Il doit punir, il le fait de manière juste, et il va de l'avant.

Si donc il y a quelqu'un qui peut expliquer jusqu'au fond la prière du Notre Père, enseignée par Jésus, c'est justement celui qui vit en premier la paternité. Sans la grâce qui vient de notre Père qui est aux cieux, les pères perdent courage et abandonnent le terrain. Mais les enfants ont besoin de trouver un père qui les attend quand ils reviennent de leurs erreurs. Ils feront tout pour ne pas l'admettre, pour ne pas le faire voir, mais ils en ont besoin ; et le fait de ne pas le trouver creuse en eux des blessures difficiles à cicatriser. »